Retour sur la conférence Femme & Sportive

Mercredi 12 juin 2024, Next Percent, avec le soutien de SpArk, a organisé une soirée enrichissante dédiée à la thématique de la femme et du sport. Cette conférence, intitulée « Femme et sportive – état des connaissances scientifiques – réponses à vos questions », s’est tenue sur le Campus Energypolis à Sion. Destinée à éclairer les nuances entre les performances sportives des hommes et des femmes, cet événement était destiné aux personnes curieuses d’en savoir plus sur les dernières recherches dans ce domaine. Les sujets abordés ont inclus l’entraînement sportif chez la femme, le cycle menstruel, et la période post-partum.

Experts et athlètes partagent leur savoir et expérience

Des experts renommés tels que le Professeur Grégoire Millet de l’Université de Lausanne, la Dre Sandrine Ackermann, gynécologue obstétricienne spécialiste de la médecine de la femme et du sport, et Tiffany Rapillard, docteure en sciences du sport, ont partagé leurs connaissances et leurs expériences. La soirée s’est conclue par une table ronde animée par Tiffany Rapillard, avec la présence de Déborah Marti, skieuse alpiniste médaillée et jeune maman, offrant un échange convivial et des réponses aux questions du public. Cet événement a été une occasion unique pour les participants d’approfondir leur compréhension des spécificités de la femme sportive, dans un cadre scientifique et interactif.

Un écart de performance de 10% entre hommes et femmes

Lors de la conférence « Femme et Sportive – état des connaissances scientifiques », le Professeur Grégoire Millet de l’Université de Lausanne a partagé des insights essentiels sur les différences de performance entre les athlètes masculins et féminins. Un écart de performance de 10% a été souligné, les performances sportives des femmes étant en moyenne inférieures de 10% à celles des hommes. Cette différence persiste même au plus haut niveau d’élite, où il est impossible pour une femme de rivaliser directement avec un homme dans des conditions égales. Les raisons de cet écart incluent des différences physiologiques à la puberté, où les garçons gagnent de la masse maigre (musculaire) tandis que les filles accumulent davantage de masse grasse, affectant la consommation maximale d’oxygène (VO2 max). Hormonalement, la puberté entraîne une augmentation de la testostérone chez les garçons, favorisant le développement musculaire, tandis que chez les filles, les œstrogènes augmentent, induisant des différences physiques et métaboliques significatives. Les hommes possèdent également plus de fibres musculaires rapides et moins de fibres lentes que les femmes. Les femmes ont tendance à utiliser moins de glucose et plus de lipides, favorisant les efforts de longue durée.

Les cycles menstruels influencent les capacités physiques des femmes, les phases du cycle déterminant les niveaux d’œstrogènes et de progestérone, affectant ainsi la performance. Les femmes sont moins aptes à fournir des efforts intenses dans des environnements chauds et humides, particulièrement juste avant les menstruations. En altitude, les femmes ne sont pas davantage susceptibles de souffrir de maladies d’altitude, telles que le mal aigu des montagnes (fatigue, maux d’estomac…) mais ont des limitations pulmonaires plus élevées qui peut affecter leur performance en altitude. La différence hommes-femmes de performance de 10% généralement observée est plus importante (15-30%) dans les sports de montagne car le rapport masse maigre-masse grasse, la typologie musculaire et les limites pulmonaires associées à l’altitude se combinent.

L’impact des phases de vie féminine sur la pratique sportive

La Dre Sandrine Ackermann a présenté une analyse approfondie des particularités de la pratique sportive chez les femmes. Elle a abordé les phases de la vie féminine et leur impact sur le sport, notamment la puberté, la grossesse et la ménopause. Les troubles du cycle menstruel, tels que la dysménorrhée, l’endométriose, l’hyperménorrhée et le syndrome prémenstruel (PMS) ont été discutés, soulignant leur impact négatif sur la qualité de vie et la performance sportive. L’aménorrhée de la sportive, causée par un déficit chronique en énergie, touche particulièrement les sports d’endurance et esthétiques, posant des risques entre autres pour la santé osseuse et cardiaque.

En ce qui concerne le sport et la grossesse, il est généralement possible pour les femmes de poursuivre leur entraînement durant la grossesse, avec certaines précautions. Les adaptations physiologiques pendant la grossesse incluent un fonctionnement accru des reins, des ligaments plus lâches, une augmentation du poids et donc de la charge sur les articulations, une capacité respiratoire diminuée et une immunité affaiblie. Certaines activités sportives, comme le ski de piste, le mountain bike, les sports de contact et la plongée sous-marine, sont déconseillées, voire proscrites. Il est recommandé de limiter l’intensité de l’entraînement à 90% de la VO2 max et de faire des exercices fractionnés à 80%. Après 28 semaines de grossesse, il est conseillé d’éviter les entraînements couchés sur le dos et les activités sportives à plus de 1’800 mètres d’altitude.

Individualisation de l’entraînement féminin : importance des cycles et des phases de vie

Tiffany Rapillard a mis en avant l’importance de prendre en compte la variabilité inter et intra individuelle, afin de pouvoir planifier un entrainement et un accompagnement individualisé dans des étapes clés de la vie d’une femme.

La connaissance du son cycle menstruel est un paramètres important afin de pouvoir adapter la charge d’entrainement, mais également repérer des changements qui pourraient apparaitre au fil des mois.

Dans le cadre d’une grossesse physiologique les athlètes peuvent maintenir un volume d’entrainement intéressant jusqu’à la fin en y incluant quelques adaptations en fonctions des trimestres et des symptômes. Ce maintien de l’activité physique est bénéfique pour la mère et l’enfant. La reprise devrait se faire de manière progressive et accompagnée.

L’étape de la ménopause peut représenter un moment intéressant dans la mise en place de nouvelles façons de s’entrainer qui répondent davantage aux changements physiologiques qui s’opèrent.

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